Contre Sainte-Beuve (1954)

« Chaque jour j’attache moins de prix à l’intelligence. Chaque jour je me rends mieux compte que ce n’est qu’en dehors d’elle que l’écrivain peut ressaisir quelque chose de nos impressions, c’est-à-dire atteindre quelque chose de lui-même et la seule matière de l’art. »

Le Cid

« Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces. J’ai le cœur au-dessus des plus fières disgrâces ; Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur, Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. »

Cyrano de Bergerac

« — Voyez-vous, lorsqu’on a trop réussi sa vie, On sent, — n’ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal ! — Mille petits dégoûts de soi, dont le total Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure ; Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure, Pendant que des grandeurs on monte les degrés, Un bruit d’illusions sèches et de regrets, »

Tartuffe

« Contre la médisance il n’est point de rempart. À tous les sots caquets n’ayons donc nul égard ; Efforçons-nous de vivre avec toute innocence, Et laissons aux causeurs une pleine licence. »

La Tentation de saint Antoine

« Mon royaume est de la dimension de l’univers ; et mon désir n’a pas de bornes. Je vais toujours, affranchissant l’esprit et pesant les mondes, sans haine, sans peur, sans pitié, sans amour, et sans Dieu. On m’appelle la Science. »

Le Spleen de Paris

« Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l’instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l’histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences ! »

Nouvelles

« Cela se voit tous les jours ; n’avons-nous pas chacun dans notre sphère été aimés obscurément par quelque humble cœur, tandis que nous cherchions de plus hautes amours ? n’avons-nous pas foulé aux pieds une pâle violette au parfum timide, en cheminant les yeux baissés vers une étoile brillante et froide qui nous jetait son regard ironique du fond de l’infini ? — l’abîme n’a-t-il pas son magnétisme, et l’impossible sa fascination ? »

Œuvres complètes de François Villon

« Quand je me lamente de ma pauvreté, Le cœur me dit souvent : « Homme, ne t’afflige pas tant Et ne montre pas une telle douleur ! Si tu n’as pas autant qu’eut Jacques Cœur, Mieux vaut vivre dans un grossier manteau, Pauvre, qu’avoir été seigneur Et pourrir dans un riche tombeau. »

Les fleurs du mal

Extrait : « Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes, Produits avariés, nés d’un siècle vaurien, Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes, Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien. »

Quatrevingt-treize

Extrait : « 93 est la guerre de l’Europe contre la France et de la France contre Paris. Et qu’est-ce que la Révolution ? C’est la victoire de la France sur l’Europe et de Paris sur la France. De là, l’immensité de cette minute épouvantable, 93, plus grande que tout le reste du siècle. »

Mea Culpa (1936)

Extrait : « Les patrons ? Les ouvriers ? C'est artificiel 100 pour 100 ! C'est question de chance et d'héritages ! Abolissez ! vous verrez bien que c'étaient les mêmes... »

Les Caractères

Extrait : « Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l’amour d’eux-mêmes et l’oubli des autres : ils sont ainsi faits, c’est leur nature ; c’est ne pouvoir supporter que la pierre tombe, ou que le feu s’élève. »

Maximes et Réflexions diverses

Extrait : « Ce que nous prenons pour des vertus n’est souvent qu’un assemblage de diverses actions et de divers intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger ; et ce n’est pas toujours par valeur et par chasteté que les hommes sont vaillants, et que les femmes sont chastes. »

Le Père Goriot

Extrait : « À Paris, le succès est tout, c’est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez alors ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. »

Bel-Ami

Extrait : « Je serais bien bête de me faire de la bile. Chacun pour soi. La victoire est aux audacieux. Tout n’est que de l’égoïsme. L’égoïsme pour l’ambition et la fortune vaut mieux que l’égoïsme pour la femme et pour l’amour. »

Une vie

Extrait : « Il ne comprenait pas ces énervements de femme, les secousses de ces êtres vibrants affolés d’un rien, qu’un enthousiasme remue comme une catastrophe, qu’une sensation insaisissable révolutionne, affole de joie ou désespère. »

Madame Bovary

Extrait : « Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de haine. Cette robe aux plis droits cachait un cœur bouleversé, et ces lèvres si pudiques n’en racontaient pas la tourmente. Elle était amoureuse »

Eugénie Grandet

Extrait : « Les avares ne croient point à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l’époque actuelle, où, plus qu’en aucun autre temps, l’argent domine les lois, la politique et les mœurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d’une vie future sur laquelle l’édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L’avenir, qui nous attendait par-delà le requiem, a été transposé dans le présent. »

L’éducation sentimentale

Extrait : « L’action, pour certains hommes, est d’autant plus impraticable que le désir est plus fort. La méfiance d’eux même les embarrasse, la crainte de déplaire les épouvante ; d’ailleurs, les affections profondes ressemblent aux honnêtes femmes ; elles ont peur d’être découvertes, et passent dans la vie les yeux baissés. »

Soumission

Extrait : « Déjà, à son époque, le patriotisme français était une idée un peu dépréciée on peut dire qu’il est né à Valmy en 1792, et qu’il a commencé de mourir dans les tranchées de Verdun en 1917. Un peu plus d’un siècle, au fond, c’est peu. Aujourd’hui, qui y croit ? Le Front national fait semblant d’y croire. »

Les épées

Extrait : « Par-dessus la vérité affectueuse – l’idée qu’on a de soi – il y a la vérité cruelle : l’opinion des autres. On peut s’en moquer. Elle est là. Elle vous regarde. Elle ne vous déforme pas plus que vous n’étiez déformable. Pas de caricature d’Apollon. »

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