Extrait : « — Voyez-vous, lorsqu’on a trop réussi sa vie, On sent, — n’ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal ! — Mille petits dégoûts de soi, dont le total Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure ; Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure, Pendant que des grandeurs on monte les degrés, Un bruit d’illusions sèches et de regrets, »
Dictionnaire des idées reçues
Extrait : PENSER. Pénible ; les choses qui nous y forcent sont généralement délaissées.
Bouvard et Pécuchet
Extrait : « Reste la morale. C’est faire descendre Dieu au niveau de l’utile, comme si nos besoins étaient la mesure de l’absolu ! »
La Tentation de saint Antoine
Extrait : « Mon royaume est de la dimension de l’univers ; et mon désir n’a pas de bornes. Je vais toujours, affranchissant l’esprit et pesant les mondes, sans haine, sans peur, sans pitié, sans amour, et sans Dieu. On m’appelle la Science. »
Le Spleen de Paris
Extrait : « Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l’instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l’histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences ! »
Nouvelles de Gautier
Extrait : « Cela se voit tous les jours ; n’avons-nous pas chacun dans notre sphère été aimés obscurément par quelque humble cœur, tandis que nous cherchions de plus hautes amours ? n’avons-nous pas foulé aux pieds une pâle violette au parfum timide, en cheminant les yeux baissés vers une étoile brillante et froide qui nous jetait son regard ironique du fond de l’infini ? — l’abîme n’a-t-il pas son magnétisme, et l’impossible sa fascination ? »
Les fleurs du mal
Extrait : « Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes, Produits avariés, nés d’un siècle vaurien, Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes, Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien. »
Quatrevingt-treize
Extrait : « 93 est la guerre de l’Europe contre la France et de la France contre Paris. Et qu’est-ce que la Révolution ? C’est la victoire de la France sur l’Europe et de Paris sur la France. De là, l’immensité de cette minute épouvantable, 93, plus grande que tout le reste du siècle. »
Le Père Goriot
Extrait : « À Paris, le succès est tout, c’est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez alors ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. »
Bel-Ami
Extrait : « Je serais bien bête de me faire de la bile. Chacun pour soi. La victoire est aux audacieux. Tout n’est que de l’égoïsme. L’égoïsme pour l’ambition et la fortune vaut mieux que l’égoïsme pour la femme et pour l’amour. »
Une vie
Extrait : « Il ne comprenait pas ces énervements de femme, les secousses de ces êtres vibrants affolés d’un rien, qu’un enthousiasme remue comme une catastrophe, qu’une sensation insaisissable révolutionne, affole de joie ou désespère. »
Madame Bovary
Extrait : « Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de haine. Cette robe aux plis droits cachait un cœur bouleversé, et ces lèvres si pudiques n’en racontaient pas la tourmente. Elle était amoureuse »
Eugénie Grandet
Extrait : « Les avares ne croient point à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l’époque actuelle, où, plus qu’en aucun autre temps, l’argent domine les lois, la politique et les mœurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d’une vie future sur laquelle l’édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L’avenir, qui nous attendait par-delà le requiem, a été transposé dans le présent. »
L’éducation sentimentale
Extrait : « L’action, pour certains hommes, est d’autant plus impraticable que le désir est plus fort. La méfiance d’eux même les embarrasse, la crainte de déplaire les épouvante ; d’ailleurs, les affections profondes ressemblent aux honnêtes femmes ; elles ont peur d’être découvertes, et passent dans la vie les yeux baissés. »